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LÀ-BAS SI J’Y VAIS

    Fondé en 2018, le collectif Là-bas si j’y vais est la fusion de cinq comédien·nes rencontré·es sur les bancs du conservatoire d’Art dramatique de Bordeaux, Léa Conil, Margot Cazaux-Ribère, Thibault Flatreaud, Jérémy Nardot et Antoine Tissandier


    C’est le spectacle MARTYR qui en est l’origine, il fut tout de suite évident qu’il s’agirait d’une grande aventure qui ne serait pas la dernière ensemble.
A ce moment-là, l’actualité est empreinte des récents attentats, les réactions et mesures racistes, les amalgames sont assourdissants, la crise des migrant.es et l’inaction des pouvoirs publics est suffocante.
    Il y avait urgence à faire corps ensemble, en groupe, en meute, pour recycler les tumultes sur la scène. Créer pour s’interroger, mettre les troubles en mots, en voix, dans la création.
Soucieux·ses de créer leur propre matière de travail, mettre en action leurs envies et leurs ambitions artistiques, il fallait se donner les moyens de le faire ensemble.

    Là-bas si j’y vais est une pépinière créative, où chaque membre est libre d’initier un projet.
Sur scène lors des créations, mais aussi à la rencontre des publics lors de médiations culturelles, ils ont à cœur d’amener le théâtre là où il n’est pas toujours, et donner la parole à celles et ceux qui ne l’ont pas forcément.

    Depuis, les initiatives, les ateliers et les stages se sont multipliés auprès de publics toujours très divers, dans une vraie volonté d’inclusion.
Après MARTYR, une nouvelle création, le seule en scène LA NUIT N’EN FINIT PLUS achèvera sa création en novembre 2024, grâce au soutien du GLOB Théâtre et de l’IDDAC. 
    De nouveaux projets de créations sont sur le feu, et le collectif rayonne aujourd’hui en Nouvelle Aquitaine et mais aussi en Occitanie, avec une volonté d’origine toujours intacte.

MANIFESTE

    Nous sommes les chien.nes errant.es planqué.es sous le capot des bagnoles. Nous traînons derrière nous notre odeur de jeunes cabots pressés déjà de gueuler. Toutes et tous mordu.es du désir d’ouvrir grand la bouche, histoire de voir ce qui peut en sortir. Là-bas, si nous y allons, nous ouvrirons grand la bouche, pour dire notre douleur d’être né.es, notre jouissance d’être en vie. Affamé.es, nous ne nous contentons plus des détritus que vos poubelles recrachent.

 

    Là-bas, si nous y allons, nous y déterrerons à grands coups de pelle et d’ongle des os de lumière. Nous nous dresserons sur nos pattes arrière, avec l’humilité de prétendre que nous sommes femmes et hommes, et nous vous montrerons ce que nous avons trouvé sous la terre. C’est un peu cela, le théâtre. Là-bas, si nous y allons, nous tâcherons de parler la langue des viscères, celle qui peut crever les tympans d’un simple chuchotement, celle des vieux mythes, ou du sale temps de chien où nous sommes, celle des corps en bouillon qui n’en ont pas fini de bouger. 

 

    Là-bas, si j’y vais, je ne serais pas seul.e. Nous savons le cri de ralliement qui unit le gang. Ce même cri quand vous sortez de la mère, quand vous jouissez d’amour ou quand vous priez votre dieu. Oui, nous savons le cri. 

 

Nous ne voulons pas vous faire peur. Quoique.

Nous ne voulons pas vous faire rire. Quoique.

Nous ne voulons pas de caresses. Quoique.

Nous n’avons jamais mordu. Quoique.

Nous ne voulons pas vous émouvoir ou vous faire réfléchir. Quoique.

 

    Nous, mi-clébards mi-humains, nous voulons seulement creuser des trous, et espérer trouver un os de lumière.

    Là-bas, si vous y allez, vous nous y trouverez, la gueule terreuse d’avoir remué la boue, avec dans les yeux la fierté d’avoir creusé, pour vous comme pour nous, des galeries où la langue peut résonner.

Rendez vous sous terre. Hurlez comme des chiens. 

Voilà.

Nous sommes presque libres.